dimanche 29 janvier 2012

Les premiers singes chimériques

Qu’est ce qu’une chimère ?
Dans la mythologie, une chimère est une créature fantastique dont le corps est composé de plusieurs animaux. Un des exemples les plus connus est la chimère d’Arezzo qui est un mélange de lion, chèvre et serpent.
Chimère d'Arezzo
En biologie, la chimère est un organisme contenant des génotypes provenant d’individus différents. De nos jours, les scientifiques sont capables de produire des chimères et cela est même devenu une expérience de routine afin de tester les cellules souches embryonnaires qu’ils ont produites, de créer des animaux transgéniques ou encore de tester l’action de tel ou tel gène dans le développement embryonnaire.  Cependant les chercheurs n’étaient pas encore parvenus à créer des chimères de primates. Cet obstacle a été levé au début du mois de janvier et les résultats ont été publiés dans la revue Cell.

Chimero, Hex et Roku sont trois petits singes rhésus nés du mélange de plusieurs embryons au stade 4 cellules (Hex a été obtenu par mélange de 6 embryons !). Les embryons ne fusionnent pas mais co-opérent afin de créer un organisme entier.
Protocole expérimental pour la création des chimères de singe

Cette découverte est une grande avancée pour la compréhension du comportement des cellules souches embryonnaires de primates in vivo. Selon le Dr. Mitalipov, responsable de la création de ces chimères de singe, « Si nous voulons utiliser la thérapie par cellules souches embryonnaires, nous devons comprendre ce que peuvent ou ne peuvent pas faire les cellules souches embryonnaires de primates ».
Cet article est aussi l’occasion pour moi de revenir sur un point de bio-éthique qui a secoué le monde de la recherche en 2007. Lyle Armstrong, chercheur à l’université de Newcastle, a obtenu, cette année là, l’autorisation de retirer le noyau d’un ovule de vache afin de le remplacer par le noyau d’une cellule humaine. L’œuf fécondé ainsi obtenu s’est développé 3 jours, jusqu’au stade 32 cellules. Cette recherche devait permettre de ne plus avoir recours aux embryons humains pour dériver des cellules souches embryonnaires dans des visées thérapeutiques. L’idée de base était intéressante mais a engendré un débat public important. Un cardinal écossais, Mgr O’Brien a évoqué « une attaque monstrueuse contre les droits de l’homme ». Il fut rejoint dans l’idée par Callum MacKellar du conseil de bioéthique écossais : « Si l’autorisation est donné, cela va sapper les droits de l’Homme ainsi que sa dignité ». D’autres étaient pour, comme le Dr Evan Harris qui disait que ce serait « immoral d’empêcher cette recherche si elle permettait une avancée importante dans la thérapie par cellules souches embryonnaires ». L’autorisation fut donnée en 2007 et les résultats sont pour le moment peu convaincants. Pensez-vous que la recherche va trop loin ?
Pour en savoir plus :
-          L’article dans Cell sur les premières chimères de singe : http://www.cell.com/abstract/S0092-8674%2811%2901508-X
-          L’article sur les chimères obtenues avec des cellules souches embryonnaires sur mon blog : http://dessousdescience.blogspot.com/search/label/cellules%20souches%20embryonnaires
-          L’article BBC sur les « chimères homme-vache » : http://news.bbc.co.uk/2/hi/6121280.stm


jeudi 5 janvier 2012

Quel beau monde !

La Terre, notre monde, est loin d’avoir dévoilé tout ses mystères. C’est le sentiment que j’ai ressenti en voyant les photos de ces animaux que vous allez peut-être découvrir pour la première fois dans cet article.
On commence par un insecte de la famille des sauterelles : le Weta géant. Il a été découvert sur une petite île de Nouvelle-Zélande (Little Barrier Island) et a été répertorié comme étant le plus gros insecte du monde. Il peut peser jusqu’à 71g (soit 3 fois le poids d’une souris) et se nourrit d’œufs, légumes, fruits et petits insectes. La grande taille de cet insecte peut-être expliquée par le fait que, sur son île de résidence, les prédateurs sont rares et donc la « pression de sélection » est faible : les proies ne sont pas soumises à des contraintes telles que le fait de rester discret ou d’être agile pour éviter les prédateurs. Les herbivores peuvent donc grandir en toute liberté : on parle de « gigantisme insulaire ».

Ca c'est de la sauterelle...
Les abysses sont également des sources inépuisables de découvertes d’animaux  étranges. Au début du mois de décembre, une nouvelle espèce de crabe Yéti a été découverte dans les eaux profondes à proximité du Costa Rica. Pourquoi ce nom ? Les scientifiques ont décidé de l’appeler comme ça à cause des filaments que ces crabes ont sur leurs pinces et leurs pattes, filaments qui rappellent la fourrure de « l’abominable Homme des neiges ». Mais ces derniers ne sont pas des poils. Il s’agit en fait de bactéries métanophages regroupées entre elles pour former ces filaments. Comme leur nom l’indique, ces bactéries se nourrissent de méthane. Le crabe quant à lui se nourrit de ces bactéries. On parle de symbiose entre les deux espèces : elles s’entraident pour survivre (les mouvements des pinces du crabe permettent aux bactéries de se nourrir plus facilement).

Le crabe Yéti : si l'abominable homme des neiges n'existe pas, on a au moins trouvé un crabe...
Une autre créature marine a intrigué les océanologues cette année : un requin cyclope. Enfin plutôt un fœtus de requin cyclope car pour le moment aucun individu vivant de ce type n’a été observé dans la nature. Cependant les océanologues pensent que ces fœtus peuvent vivre, ne serait-ce quelque temps, mais ne peuvent pas survivre longtemps dans la nature à cause de cette malformation qui pourrait les empêcher de chasser ou de repérer les prédateurs.

Requin cyclope - photo National Geographic

Enfin pour conclure ce petit article loin d’être exhaustif, je vais vous parler de la chauve-souris « Yoda ». Cet animal dont le faciès nous rappelle un célèbre personnage de Star Wars, a été découvert en Papouasie-Nouvelle Guinée, en pleine forêt tropicale. Son nez très particulier lui permet de se nourrir de fruits et de disperser les graines aux alentours. Il est donc un élément clé de l’écosystème mais il se trouve menacé par la déforestation.
Georges Lucas se serait-il inspiré de la Nature pour Star Wars ??? En tout cas la ressemblance est frappante
Avoir tout découvert, loin nous en sommes. Protéger la nature on se doit, dirait maitre Yoda.
Ps : Bonne année à tous et que 2012 rime avec plaisir, bonheur et découverte.